Terres rares : un partenariat sino-américain qui redessine les équilibres mondiaux



Adélaïde Motte
27/06/2025

Le 27 juin 2025, les États-Unis et la Chine ont signé un accord stratégique sur les terres rares. Derrière ce rapprochement inattendu se dessine une nouvelle configuration des rapports de force économiques mondiaux, avec l’Europe en marge.


Les logiques du partenariat sino-américain

L’accord entre Pékin et Washington encadre la reprise des exportations de terres rares chinoises vers les États-Unis, en échange d’un allègement tarifaire ciblé. Il institue un suivi bilatéral trimestriel et introduit des critères environnementaux de livraison, notamment des normes de production à faible émission. Ce schéma crée un flux contrôlé, stabilisé, entre les deux économies, visant à sécuriser les chaînes d’approvisionnement américaines dans des secteurs clés comme la défense, l’automobile ou les technologies vertes.

Derrière la mécanique commerciale se profile une stratégie d’interdépendance régulée. La Chine convertit sa position dominante sur le raffinage des terres rares en levier diplomatique, tandis que les États-Unis réduisent leur exposition aux risques de rupture logistique. Ce partenariat constitue une forme de découplage ordonné, où l’affrontement cède la place à une coopération asymétrique, pilotée selon des intérêts convergents.


L’europe face à une nouvelle marginalisation stratégique

L’Union européenne n’a pas été partie prenante de l’accord. Elle reste donc exposée à une dépendance extrême envers la Chine, sans levier de négociation équivalent. Ce déséquilibre pourrait affecter lourdement les filières industrielles européennes, en particulier l’automobile, l’électronique et l’aéronautique, qui nécessitent des composants fondés sur les terres rares. Faute de diversification réelle des approvisionnements ou de filières locales, l’Europe apparaît désarmée dans cette nouvelle phase de compétition géoéconomique.

Les économistes pointent un risque d’écart structurel croissant entre les économies capables de contractualiser l’accès aux ressources critiques et celles contraintes de s’adapter aux résidus du marché mondial. Si aucune politique industrielle commune et contraignante n’est mise en œuvre, l’Europe pourrait se retrouver reléguée au rang de suiveur stratégique, dépendant des accords passés en dehors de sa sphère d’influence.