Michelin, toujours serein malgré la crise



La Rédaction
01/11/2012

La crise continue de tourmenter l'Europe, mais Michelin reste serein. Le distributeur de pneus clermontois affiche des résultats en nette progression, et il compte poursuivre ses investissements malgré la morosité du contexte économique. Les plus gros investissements du groupe seront réalisés en Russie, et dans les pays émergents.


Michelin, en pleine forme

Les résultats du groupe Michelin confirment la bonne santé des fournisseurs du secteur de l'automobile. Les équipementiers Valeo ou Plastic Omnium se portent donc, très bien eux aussi. Cependant, Michelin, numéro un mondial du pneu, ne se distingue pas seulement par ses bons résultats, mais aussi par ses performances exceptionnelles. Son résultat net est passé de 667 millions d'euros au premier trimestre 2011, à 915 millions d'euros au premier trimestre 2012. La marge commerciale du groupe est passée, sur la même période, de 9,6 % à 12,3 %, alors que le chiffre d'affaires du fabricant de pneus clermontois n'a augmenté que de 6 % sur la période. Michelin affiche ainsi des performances financières enviables, et son « cash flow » libre positif, va lui permettre de poursuivre sereinement ses objectifs. Ces résultats et performances ont également permis à Michelin de bénéficier d'une réévaluation de sa notation financière par Standard & Poor's et Moody's. Le premier lui a attribué un « BBB+ » en mars dernier, et le second, un « Baa1 » le mois suivant.

Michelin veut accélérer son implantation mondiale

Déjà bien implanté aux quatre coins du globe, Michelin entend poursuivre son expansion. Le fabricant de pneus auvergnat compte ainsi investir deux milliards de dollars dans les marchés en pleine croissance. Ces investissements se concentreront davantage en Chine, en Inde et au Brésil. Au programme, Michelin envisage d'ouvrir trois nouveaux sites de production de pneu, dans ces pays. En plus de ces trois futures usines, notons que Michelin vient tout juste de démarrer une nouvelle usine au Brésil. Jean-Dominique Sénard, le nouveau patron de Michelin, expliquait lors d'une conférence de presse, les objectifs du groupe, en soulignant l'importance de mondialiser sa production pour compenser la crise qui fait rage en Europe. Une stratégie payante si l'on en croit les résultats annoncés durant cette conférence de presse. En ce qui concerne les pays matures, Michelin compte améliorer davantage la productivité de ses usines, et poursuivre ses efforts en matière d’innovation. Le groupe est d’ailleurs reconnu pour être innovant et souhaite continuer sur cette voie.

Priorité au marché russe

Michelin s'est implanté à Davydovo en 2000, en construisant une usine de pneu. Cette usine a démarré en 2004 et dispose d'une capacité de production annuelle de deux millions de pneus. Une capacité que Michelin envisage d'augmenter, en injectant plus de 35 millions d'euros cette année. Le patron de Michelin en Russie déclarait lors du dernier salon automobile de Moscou qu'un centre logistique serait également créé. Ce dernier servira de base pour toute la Russie et la région ex-URSS. Les 35 millions d'euros seront utilisés pour la création de cette base logistique, mais surtout pour élargir la gamme des pneus produits par l'usine de Davydovo. Ce nouvel investissement sur le marché russe entre dans le cadre d'une politique de croissance organique, instaurée par Michelin. L'ex-PDG du groupe confiait lors d'une entrevue que Michelin profite de la forte croissance du marché du pneu en Russie pour assoir sa position en tant que vendeur et distributeur. Le groupe possède à l'heure actuelle, 8,3 % de part de marché, et n'exclut pas des acquisitions dans son développement.

Michelin tire son épingle du jeu

Les acteurs de l'industrie automobile souffrent de la crise, et font face à d'importantes difficultés. Peugeot est l'industriel du secteur automobile, qui souffre le plus de la conjoncture économique. À l'image des défaillances de ce géant français, c'est l'ensemble du secteur qui retient sa respiration. Pourtant, les fournisseurs comme Michelin, mais aussi Bridgestone, s'en sortent haut la main. Ils ressentent aussi la crise, mais continuent de croitre, et enregistrent même de très bonnes performances. La question que tout le monde se pose est de savoir comment Michelin parvient à résister à ce contexte économique difficile. Il s'avère que Michelin accuse une baisse de volume de ses ventes. Cependant, le groupe joue sur les prix, et la hausse de ses tarifs en 2011 lui a permis d'augmenter ses marges et de compenser ainsi la régression de ses ventes. Cette stratégie aura donc permis à Michelin de surmonter la crise dans de bonnes conditions. Mais c’est avant tout grâce à son image de confiance, que le leader mondial du pneu a pu continuer de vendre, même à des prix plus élevés. La confiance est un autre axe stratégique de l’entreprise, car c’est le facteur qui lui permet de rester performante malgré un recul des ventes. Une baisse estimée entre 3 % et 5 % cette année. Michelin profite également de la diminution des coûts des matières premières. D'autres effets positifs favorisent le développement du groupe, et ce dernier, qui dispose déjà d'un cash flow libre positif, envisage l'avenir sereinement. Il reste cependant plus pessimiste que ses homologues.

Michelin : les chiffres

Malgré une baisse de volume de ses ventes, et un ratio d'endettement de 26 %, Michelin a dégagé un résultat net de 915 millions d'euros au premier semestre. Son chiffre d’affaires a progressé de 6 % pour atteindre les 10,7 milliards d'euros fin juin. Son titre boursier culminait à 59 euros au mois de mars, et tous les analystes s'accordent à dire que la valeur du titre Michelin devrait continuer d'osciller entre 50 et 58 euros. Bien que les opérateurs restent méfiants face au secteur de l’automobile, le numéro un mondial inspire confiance. Assis sur des bases solides, il y a peu de chance que la valeur de son titre subisse un décrochage. Sa politique d'investissement dans les pays émergents, son dynamisme en matière d'innovation, et la confiance des consommateurs dans les produits Michelin sont autant d'indicateurs qui témoignent d'une croissance qui n'est pas prête de s'arrêter. Michelin estime d'ailleurs que 2013 sera une année aussi bonne, voire meilleure que l'année 2012.