Marchés publics : la recette de Citelum pour gérer ses sous-traitants



Bertrand Coty
10/12/2019

La sous-traitance dans le cadre des marchés publics présente de nombreux défis. Une seule solution pour l’entreprise lauréate d’un appel d’offres : contrôler le travail de ses équipes, et bien choisir ses sous-traitants et partenaires. Prenons l’exemple de Citelum, une entreprise innovante dans le secteur de l’aménagement et de l’éclairage urbain.


Toutes les entreprises répondant aux appels d’offres publics le savent : promettre que ses propres partenaires et sous-traitants seront aussi scrupuleux que l’entreprise qui se bat pour décrocher un contrat public est une question de savoir-faire et d’expérience. Comment être sûr que ses partenaires seront bien en conformité avec toutes les législations ? Il n’y a rien d’évident à cela.
 
Les grands enjeux de la sous-traitance
 
Aujourd’hui, les sous-traitants font partie du paysage pour la réalisation des grands travaux commandés par des collectivités locales par exemple. Pour faire face à certains flous juridiques, la direction des Affaires juridiques au Ministère de l’Économie a remis à plat les définitions et les cadres opérationnels de toutes les parties en avril 2019. Ces questions de définition de « qui fait quoi », « qui est responsable de qui, de quoi » demandaient en effet des réponses claires. Mais sur le terrain, les difficultés demeurent parfois. C’est là que l’entreprise qui soumet son offre doit s’assurer que chacun de ses partenaires joue sa partition.
 
Les entreprises, soucieuses de proposer les meilleurs standards de qualité et de répondre aux exigences environnementales et sociétales, doivent donc pouvoir s’assurer que les prestataires qu’elles font entrer dans la danse respecteront bien toutes les règles du jeu. C’est le défi nº1 auquel elles sont confrontées, entre respect de la qualité et mise en conformité des projets. Une seule option : le contrôle – drastique – de la qualité.
 
Savoir choisir les (bons) sous-traitants et partenaires
 
A long terme, au travers du contrôle de la qualité, c’est toute la chaîne de valeur qui se retrouve renforcée. L’impact est protéiforme : sur l’environnement, sur le plan social et sur la sécurité. Les exemples sont nombreux pour montrer combien savoir s’entourer est capital quand on remporte un appel d’offre. Que ce soit avec d’autres acteurs privés ou avec des partenaires institutionnels quand il s’agit de partenariats public privé (PPP). De ces choix initiaux dépendra souvent le résultat final. Comme c’est le cas par exemple sur le marché public belge pour l’éclairage du réseau autoroutier, véritable icône du plat pays qui s’est enorgueilli pendant des décennies d’être le seul pays éclairé et visible depuis l’espace. Nom du projet : Lumière 4.0.
Objectif du cahier des charges : faire des économies d’énergie (-76% sur la facture d’électricité à terme !) et préparer l’avenir en dotant la Belgique du premier réseau autoroutier intelligent capable d’accueillir des véhicules autonomes. Citelum a présenté – avec ses partenaires Luminus, CFE et DIF – le meilleur dossier combinant sécurité routière, éclairage intelligent et développement durable. Le consortium ainsi formé – baptisé LuWa – va équiper les quelques 2700km d’autoroute et 400km de nationales en Wallonie de plus de 110000 points lumineux connectés, afin d’ajuster la consommation d’énergie et de rendre plus écolo les autoroutes belges. Le Service public de Wallonie (SPW) a également obligé l’entreprise lauréate de l’appel d’offre à prendre en compte ses recommandations concernant l’impact de l’éclairage sur le bien-être animal.
Pour ce projet, Citelum s’est appuyé sur les dernières technologies disponibles : des ampoules LED bien évidemment, mais surtout sa plateforme intelligente baptisée Muse, basée sur des capteurs de surveillance à distance. Citelum s’appuie également sur le savoir-faire de ses partenaires et sous-traitants. D’abord sur Luminus, la filiale belge d’EDF, deuxième opérateur énergétique du pays. Mais surtout sur le groupe industriel belge CFE (spécialiste de la construction et du dragage), et sur un partenaire financier DIF (gestionnaire de fonds d’infrastructure indépendant). Un trio qui ne laisse pas de place au hasard. Les travaux viennent de commencer et doivent durer 3 ans et demi. « Les autoroutes wallonnes entrent dans le futur, se réjouit Carmen Munoz, directrice générale de Citelum. Nous verrons peut-être moins la Wallonie depuis la Lune, mais nous en parlerons plus dans le monde. » Ce type de projet et de partenariat est aussi synonyme d’emplois locaux puisque 400 nouveaux postes ont été créés et 100000 heures de formation ont également été mises en place auprès des Missions Régionales pour l’Emploi (équivalent de Pôle Emploi en Belgique).
 
 
Le contrôle de la qualité, impératif nº1 chez Citelum
 
En France comme à l’étranger, les dossiers présentés lors d’appels d’offres dans le cadre de marchés publics font en effet intervenir l’entreprise titulaire ainsi que des entreprises partenaires pour la réalisation de certains travaux. Une situation permise par la loi bien sûr, mais mieux encadrée depuis le printemps dernier et les nouvelles dispositions du Ministère de l’Économie. Pour la collectivité locale qui signera – ou non – le contrat, il est essentiel d’obtenir des garanties sur la qualité du travail à effectuer, quelle que soit l’identité des prestataires qu’elle n’aura pas choisi elle-même.
 
Pour cela, la loi française prévoit que ces prestataires tiers répondent aux mêmes exigences légales que l’entreprise principale. Par exemple, ils sont obligés de respecter les mêmes normes environnementales et sécuritaires. « Il est important que nous ayons une réelle maîtrise des métiers et la sous-traitance ne représente pas la plus grande partie de notre main d’œuvre, souligne Carmen Munoz. Nous avons des sous-traitants dans différents pays et les règles qui leur sont appliquées en termes de santé et sécurité, d’éthique et conformité ou encore de qualité sont les mêmes qu’à nos équipes. » Avec près de 2500 salariés répartis dans onze pays, cette entreprise ne peut rien laisser au hasard, en France comme sur les chantiers internationaux.
 
Pour être atteint, le double impératif de qualité et de transparence doit s’incarner tout en haut de la pyramide. Chez Citelum, le contrôle de la mise en conformité de chaque étape du travail fait l’objet de visites très fréquentes, sur le terrain, y compris de la directrice générale elle-même. « Nous faisons des contrôles de sécurité réguliers, assure Mme Munoz. Je me suis fixé moi-même une douzaine de visites à effectuer par an un peu partout dans le monde. Je tiens en effet à être en première ligne sur ces sujets de sécurité car le soin apporté à nos collaborateurs et à nos partenaires est aussi notre marque de fabrique chez Citelum. » Il n’y a pas de mystère : être proche du terrain reste la meilleure stratégie pour s’assurer que tout est mis en œuvre conformément aux engagements contractuels.