La pauvreté, un fléau qui touche 2,8 millions d’enfants en France



Anton Kunin
14/06/2018

Si la pauvreté des adultes inquiète la société et les pouvoirs publics, celle des enfants est en revanche un problème oublié, alors même que le taux de pauvreté des enfants en France est plus élevé que celui des adultes (19,8 % contre 14 %), rappelle le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge dans un rapport consacré à ce problème.


La pauvreté infantile, un fléau chez les familles monoparentales et les familles nombreuses

En 2014, 14 % de la population de la France métropolitaine, soit 8,6 millions de personnes, vivaient en-dessous du seuil de pauvreté. On n’y pense pas automatiquement, mais il pour une catégorie de la population, ce taux atteint même 19,8 % : il s’agit des enfants. Deux types de familles sont particulièrement concernés : les familles monoparentales et les familles nombreuses. Parmi les familles monoparentales avec 2 enfants, 39% sont pauvres, et ce taux monte à 63 % pour les familles monoparentales avec 3 enfants.

Selon le rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge consacré à cette question, au-delà de la charge d’assurer seule l’entretien de plusieurs enfants, notamment financièrement, la question principale semble tourner autour de l’emploi : une grande majorité des mères pauvres sont soit au chômage, soit tellement éloignées de l’emploi qu’elles ne déclarent plus chercher un emploi ; les autres sont des employées peu qualifiées. Plus de 600 000 enfants mineurs vivent dans chacun de ces deux types de famille. Le troisième type de famille pauvre le plus répandu est un couple ayant au moins trois enfants, dans lesquels seul l’homme se déclare actif (qu’il soit effectivement en emploi ou au chômage), tandis que la femme reste au foyer pour s’occuper des enfants. Plus de 450 000 enfants mineurs vivent dans ce type de famille.

Lutte contre la pauvreté : des progrès restent possibles sur tous les points

Selon le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge, plusieurs raisons font en sorte que cette pauvreté a du mal à être éradiquée. Outre les marges de manœuvre possibles sur le plan de la refonte du système de prestations financières, les auteurs du rapport notent la nécessité de mieux accompagner les familles pauvres, en octroyant davantage de ressources financières dédiées à cette tâche notamment. L’accessibilité d’un mode d’accueil doit également être améliorée, « c’est un enjeu clé si l’on veut que les mères seules puissent retrouver le chemin de l’emploi ; pour les enfants, l’enjeu est leur socialisation et leur développement futur », martèlent les auteurs du rapport.

L’accès des enfants à la cantine scolaire doit également être amélioré : aujourd’hui, seuls 7 enfants sur 10 mangent à la cantine, or « le fait de pouvoir bénéficier d’un repas complet et équilibré le midi est une des conditions nécessaires pour pouvoir bénéficier des apprentissages que propose l’école ». Enfin, les auteurs du rapport plaident pour un changement du regard que portent sur les familles pauvres les institutions et les services sociaux. « Celui-ci est plus souvent orienté vers la recherche de la faute, de la défaillance ou du manque, que vers la compréhension et l’aide ; cela conduit à une crainte importante de la part des familles concernées, qui nourrit une méfiance vis-à-vis des institutions dans laquelle s’enracine un risque de non recours aux prestations et services sociaux », estiment les spécialistes du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge.