La numérisation de la santé



La Rédaction
09/11/2012

Depuis quelques années se développent des concepts tels que le self-tracking ou lifelogging, des concepts qui visent à l'autonomisation de soi et à l'amélioration de ses performances. Le concept de Quantified Self est plus axé sur le bien-être et le bien-vivre, et repose sur la collecte de données personnelles, qui serviront à déterminer sa condition physique, et à ajuster en conséquence son mode de vie ou son alimentation.


Les origines du Quantified Self

Le Quantified Self est avant tout un mouvement qui a pris naissance à San Francisco. Initié par Gary Wolf et Kevin Kelly le mouvement s'est peu à peu répandu au reste du monde et a pour objectif de collecter et partager un maximum d'informations personnelles à travers des réunions (Quantified Self Show & Tell). L'intérêt du Quantified Self est de pouvoir mesurer tout ce qui touche à la vie de tous les jours, et d'extraire des données collectées, des recommandations ou lignes de conduite à suivre, pour une amélioration de soi. Il s'agit donc de mieux se connaitre et d'agir en fonction de données mesurables, et ce,  en quantifiant par exemple le besoin en exercice physique, le manque de calorie, ou encore un degré de stress. La course à la performance est le quotidien des entreprises, et l'amélioration de soi n'est pas un phénomène connu du grand public. Mais depuis peu, le Quantified Self s'intègre aux mœurs, notamment via les réseaux sociaux et nouvelles technologies de l’information, et suscite des questionnements relatifs à son application.

Le Quantified Self et la santé

L’engouement  est grandissant pour la connaissance de soi en matière de santé. Quelles que soient les motivations des individus à avoir recours à des outils de mesure de soi, le désir d'autonomisation est le moteur de ce mouvement. La technologie facilite cette autonomisation, certains veulent mieux se connaitre pour avoir la maitrise de leur corps, d'autres veulent pouvoir garder une bonne santé le plus longtemps possibles, et d'autres encore cherchent à être plus performants dans leurs activités sportives. La volonté de contrôler soi-même sa santé est bel et bien une préoccupation répandue, quoi que puissent en dire ceux qui découvrent ce concept. En matière de prévention sanitaire, cela représente d'ailleurs une avancée notable, car les professionnels de la santé pourraient se spécialiser, laissant aux patients le contrôle de leur "bien-vivre". La problématique actuelle est de savoir où se situent les frontières du Quantified Self.

Les outils du Quantified Self

Le Quantified Self nécessite l'utilisation d'outils technologiques et capteurs qui enregistrent et partagent des données personnelles. Le partage, la sécurité des données et leur interprétation suscitent donc une première question : qui sera habilité à diffuser ces outils ? Des professionnels de la santé qui les utiliseraient en complément de leurs services ? Ou bien des entreprises qui les utiliseraient pour améliorer les conditions de santé de leurs salariés, s'octroyant ainsi une meilleure productivité ? Ou peut-être que ces outils de mesure pourraient être commercialisés sans qu’ils nécessitent des connaissances approfondies en matière de santé ? Nul ne sait réellement où va nous conduire le Quantified Self, mais il est évident que le concept a beaucoup à apporter au secteur de la santé.

L'avis du référent santé au CGEIET

À l'occasion du salon HIT qui a eu lieu en mai dernier à Paris, Robert Picard, référent santé au Conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies CGEIET, donnait son point de vue lors d'un entretien. Il a rappelé la nuance qu'il existait entre le bien-être et le bien vivre, qui ce dernier est plus collectif, puisque nécessite le partage d'information. La technologie nous a apporté la possibilité de suivre son taux de cholestérol sur son Smartphone ou encore de contrôler son poids. Elle nous a permis de prendre en main notre santé et de la maitriser soi-même. La santé est aujourd'hui un sujet prédominant chez tout individu, et le fait que des outils de contrôle apparaissent, suscite davantage d'intérêt pour le bien-être et le bien-vivre. Plus besoin de s'en remettre à quelqu'un pour savoir si on va bien ou mal, ou même pour savoir si on est atteint de diabète. À travers un smartphone, outil personnel, on peut s'affranchir du temps et de l'espace pour accéder à la connaissance de soi. Une évolution majeure qui a donné naissance à de nombreux produits et outils de mesures.

Le Quantified Self, bientôt démocratisé

On ne peut pas encore dire que le concept Quantified Self soit un succès et qu'il est déjà intégré aux mœurs. Bon nombre de personnes ignorent encore l'existence d'outils de mesure de soi, et il faudra réunir plusieurs conditions pour que sa démocratisation soit possible. Selon Robert Picard, deux critères doivent être respectés. Il faut tout d’abord que l'usager ait le désir d'autonomisation et de contrôle sur sa santé. Ce désir conduira vers le plaisir d'utilisation d'outils technologiques auxquels devront s'adapter les gens. Puis il faut que la technologie rejoigne des préoccupations fondamentales comme le fait de se nourrir correctement. Voilà deux conditions qui inciteront le plus grand nombre à s'auto évaluer, mais ce n'est pas tout. La technologie doit permettre d'établir des recommandations et plans d'action pour obtenir des résultats en fonction d'objectifs fixés par l'individu. Tout cela va influencer les comportements et modes de vie de chacun, et conditionner à de nouveaux réflexes, tels que consulter son smartphone pour savoir quel sera son menu du soir. Il faut donc susciter le plaisir des individus et leur intérêt de maitrise sur eux-mêmes pour que le Quantified Self se démocratise.

Domaines d'application

Les domaines d'application du Quantified Self sont nombreux, il s'agit de savoir les discerner pour répondre aux besoins de chacun. Le QS peut autant servir à se remonter le moral, qu'à se comparer à d'autres personnes, ou encore à simplement assouvir sa curiosité. La quantité d'eau que je bois quotidiennement est-elle suffisante ? Sinon, quelle quantité dois-je absorber en plus ? Est-ce que je mange trop de sucre ? Pas assez de légumes ? Est-ce que je fais suffisamment de sport ? Toutes ses questions peuvent trouver des réponses via les outils du Quantified Self. Mais son application peut être étendue à d'autres domaines, car le partage d'information qui va de pair avec le QS permet d'informer les marques sur des besoins spécifiques et ciblés. Une entreprise pourrait ainsi solliciter une personne en lui proposant un produit ou service répondant à un manque ou besoin avéré.