Exportations russes d’énergies fossiles : la moitié des volumes ont été achetés par des pays européens



Anton Kunin
06/09/2022

Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, les pays européens ont été à l’origine de l’achat de 54% des volumes de pétrole, charbon et gaz exportés par la Russie, a calculé le think-tank Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA).


Depuis le début de la guerre, les pays européens ont payé la Russie 86 milliards d’euros pour ses énergies fossiles

L’embargo européen sur le pétrole russe, décidé le 3 juin 2022, entrera en vigueur en deux temps : seront d’abord interdites les importations par voie maritime le 5 décembre 2022, puis l’ensemble des importations à compter du 5 février 2022. En attendant, les États de l’Union européenne profitent du robinet encore officiellement ouvert : sur les six premiers mois de la guerre russo-ukrainienne (du 24 février au 25 août 2022), ils ont acheté 54% des volumes de pétrole, gaz et charbon exportés par la Russie, pour un montant total de 85 milliards d’euro, révèle le think-tank Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA).

Non seulement les arrêts effectifs des importations par les pays européens ont été limités jusqu’ici (les volumes d’août 2022 n’ont diminué que de 18% par rapport à février-mars 2022), mais la flambée des prix des énergies fossiles a aussi profité considérablement à la Russie. Sur cette période, les énergéticiens russes ont engrangé 158 milliards de dollars au titre des exportations, 43 milliards de dollars ayant abondé les caisses de l’État au titre de taxes et impôts, finançant ainsi l’effort de guerre de la Russie.

D’ingénieux montages pour contourner l’embargo européen sur les énergies fossiles russes

Depuis le début de la guerre et les embargos ou le spectre d’embargos européen et américain, la Russie a d’ailleurs su trouver d’autres marchés. Sur les six premiers mois depuis l’invasion, elle a vendu ses énergies fossiles pour 34,9 milliards de dollars à la Chine, pour 10,7 milliards de dollars à la Turquie, pour 6,6 milliards de dollars à l’Inde, pour 2,5 milliards de dollars au Japon, pour 2,3 milliards de dollars à l’Égypte et pour 2 milliards de dollars à la Corée du Sud.

Et ce ne sont que les statistiques officielles. D’après le CREA, pour une grande partie des volumes cités, ces pays ne sont pas les destinataires finaux. La Russie a en effet réalisé différents types de montages pour continuer à vendre ses énergies fossiles à des États de l’Union européenne malgré l’embargo. Ainsi, dans certains de ces pays tiers, le pétrole russe est raffiné puis mélangé, dans d’autres, il est chargé sur de nouveaux bateaux… Tout cela, avant une exportation vers des pays européens comme étant, sur le papier, du pétrole issu de ces pays tiers.