Emploi industriel : les aides à la relocalisation ne suffiront peut-être pas



Aurélien Delacroix
22/09/2020

Dans son plan de relance, le gouvernement a prévu une enveloppe pour la relocalisation des emplois industriels partis à l'étranger. Une tendance de fond qui pourrait être impossible à enrayer, selon des économistes.


Lourdes pertes d'emplois

Entre 2000 et 2016, la France a perdu un million d'emplois dans l'industrie. Une hémorragie que le pays n'a jamais su enrayer, même en y mettant les moyens : une étude France Stratégie démontrait en effet que les 18 milliards d'euros distribués en 2016 dans le cadre du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) n'avait permis de créer que 100.000 emplois. L'équivalent d'une subvention publique de 180.000 euros par poste… « La France a été le pays européen qui a le plus délocalisé », a récemment déploré Agnès Pannier-Runacher, la ministre délégué à l'Industrie. Son ministre de tutelle, Bruno Le Maire, assure pourtant que la France possède « de vraies capacités d’avoir des relocalisations industrielles ».

Les économistes interrogés par l'AFP n'en sont pas si certains. Le problème n'est pas seulement français, il concerne l'ensemble des pays riches : « l’industrie est un secteur en diminution en termes d’emplois parce qu’il a des gains de productivité plus élevés que le reste de l’économie, notamment du fait de l’automatisation qui est importante », selon Vincent Vicard, économiste au CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales).

Cap sur l'innovation

L'État devrait concentrer le tir d'argent public vers l'innovation, l'aide à la recherche. C'est ce qui permet aux entreprises de gagner en compétitivité. De toute évidence, les emplois peu qualifiés sur les chaînes d'assemblage et de montage ne reviendront pas en France. Quand il existe une possibilité de robotisation ou d'automatisation de la production, comme dans des secteurs comme l'automobile, la mécanique, l'ameublement, il est possible de conserver ces entreprises sur place.

Il ne s'agit pas non plus d'un problème de coût du travail : Vincent Vicard estime ainsi que leurs différences ne permettent pas d'expliquer l'écart entre la France et l'Allemagne dans l'industrie. La problématique est celle de l'écosystème et de l'organisation. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les emplois industriels ont continué à péricliter dans l'Hexagone, malgré la réduction du poids de la fiscalité dans le coût du travail.