Démantèlement de réacteurs nuclaires : EDF aurait sous-estimé les coûts



Anton Kunin
02/02/2017

Le parc nucléaire français vieillit inexorablement, et la question du démantèlement des réacteurs ayant servi se pose de façon pressante. Un rapport parlementaire pointe le coût faramineux de la mise à l’arrêt de ces réacteurs.


9 réacteurs nucléaires sont actuellement à l’arrêt et prêts à être démantelés. 58 autres sont actuellement en service. Mais quand on sait que le cycle de vie d’un réacteur ne dépasse pas 40 ans, leur nombre devrait encore croître dans les années qui viennent. Les auteurs du rapport parlementaire sur le sujet, présenté le 1er février 2017, - les députés LR Julien Aubert et PS Barbara Romagnan, rappellent que dans les pays ayant déjà démantelé des réacteurs, le coût de cette opération a été largement sous-estimé. L’EDF fait preuve, selon eux, d’un excès d’optimisme.

Concrètement, EDF estime à 75 milliards d’euros le coût du démantèlement. Sur ces 75 milliards, seuls 36 milliards ont été provisionnés, sans parler du fait que cette estimation ne reflète sans doute pas l’ensemble des frais qui s’avèreront nécessaires, estiment les auteurs du rapport. Et des frais, il y en aura : la loi sur la transition énergétique pose d’ores et déjà l’objectif de 50 % maximum d’électrcité d’origine nucléaire d’ici 2025. En d’autres mots, des centrales devront être fermées. Le démantèlement de Fessenheim a d’ores et déjà été programmé pour 2018. Les députés auteurs du rapport s’inquiètent qu’EDF ne surestime ses capacités financières, d’autant plus que la société engage des sommes importantes pour la prochaine mise en service de l’EPR de Flamanville.

Par ailleurs, certains projets de démantèlement risquent d’être très coûteux, à l’image de la centrale de Chooz, édifiée dans une grotte, et dont le démantèlement impliquera de retirer des tonnes de graphite radioactif. Ou encore de celle de Creys-Malville, où 6 000 tonnes de sodium inflammable devront être retirés. Ces travaux, qui devront être accomplis par des robots sous l’oeil attentif de spécialistes, prendront sans doute une décennie, engendrant de multiples coûts techniques, ainsi que des dépenses titanesques en frais de personnel.