Criminalité identitaire



La Rédaction
18/06/2012

À l'heure du tout numérique, l'identité de chacun est soumise au risque d'être usurpée par des cybercriminels. Phénomène grandissant induit par Internet, et renforcé par le Cloud Computing, la criminalité identitaire a pris des dimensions qui ont attiré l'attention de Guy de Felcourt. Ce dernier revient sur le sujet dans son livre « L'usurpation d'identité ou l'art de la fraude sur les données personnelles ».


L'identité en danger

Depuis des décennies, confirmer son identité repose sur la confiance d’autrui, et notamment sur la confiance de l'État civil. Le dispositif occidental s'est depuis étendu au monde entier, où ce sont des passeports, permis de conduire ou cartes d'identité qui confirment l'identité de chacun. Déjà, dans ce modèle, l'on constate l'incapacité de protéger les individus de l'usurpation d'identité. Preuve en est de la fraude massive et de la production de faux papiers. Il s'agit ici de fraude documentaire, un type de fraude moins aisé à réaliser qu'une fraude via le numérique. Et c'est là que réside tout le problème, car l'heure est à la numérisation massive des informations personnelles. Des informations qui se retrouvent stockées à distance et dont le contrôle et le niveau de protection ne sont pas à la hauteur du risque apporté par la cybercriminalité. Cette dernière s'est développée en parallèle au commerce électronique, et les cybercriminels savent aujourd'hui déployer des techniques très complexes pour usurper les données, sans compter qu'ils disposent des pièges partout.

Trois idées de développement

Dans son livre, Guy de Felcourt réalise une étude plurielle sur les formes de fraude sur les données personnelles, et explique les possibilités d'avenir de la cybercriminalité. L’auteur se propose tout d’abord de développer l'idée d'une transition identitaire « fixe », vers une identité mouvante. Il analyse ainsi la convergence de l'identité dépendante de l'état civil, une identité « stable », vers une identité dématérialisée. Sachant que la numérisation des données personnelles se fait massivement, c'est sur ce point que Guy de Felcourt propose le développement de sa deuxième idée, à savoir que le monde du numérique devient, ou est même déjà, le facteur premier de la fraude identitaire. Sur cette idée, dans les formes, fins et avenirs de la cybercriminalité, les perspectives sont pour le moins inquiétantes. Enfin, cette seconde proposition nous amène à la troisième et dernière, qui fait état d'un totalitarisme numérique croissant. Il apparait en effet que les frontières entre privé et public s'amenuisent, entrainant ainsi la perte de notre liberté.

Les cybercriminels s'adaptent vite

Sans compter la faible difficulté à usurper les données personnelles dans le monde numérique, du moins, comparée à l'usurpation classique, la vulgarisation des données numériques a donné lieu à une augmentation de la cybercriminalité et en parallèle, une adaptation rapide des cybercriminels. L'on ne peut nier que les mesures de sécurité dans le monde du numérique ne cessent d'évoluer, mais force est de constater que les cybercriminels gardent une longueur d'avance. Entre les données issues des réseaux sociaux facilement récupérables, et les informations plus sensibles comme les mots de passe, qui sont certes moins faciles à usurper, on ne peut pas dire qu'il existe une réelle sécurité. Les données personnelles sont le socle d'un commerce illégal, pour lequel les cyberpirates acquièrent tout aussi facilement des compétences dans l’art de l’usurpation. Les sommes d'argent en jeux sont énormes, et le risque de perdre son identité omniprésent. Mais sans verser dans le pessimisme, Guy de Felcourt n’oublie pas de proposer dans son livre des solutions.