Aéroport de Toulouse : l’État restera actionnaire majoritaire



Anton Kunin
27/02/2018

Les Chinois ne prendront pas le contrôle de l’aéroport de Toulouse-Blagnac : l’État a annoncé qu’il ne céderait par les 10 % de capital qu’il détient encore dans l’entreprise, continuant ainsi à rester son actionnaire majoritaire.


Depuis l’arrivée des Chinois, les dividendes crèvent les plafonds

Le groupe parapublic chinois Casil ne deviendra pas actionnaire majoritaire de l’aéroport de Toulouse-Blagnac : l’État a décidé de ne pas vendre sa participation de 10,01 %. Étant donné que la Région PACA, le département de Haute-Garonne et la ville de Toulouse détiennent ensemble 40 % du capital supplémentaires, à 50,01 % des parts, l’actionnaire public reste donc majoritaire. Rappelons que le contrat, en vertu duquel l’État a vendu 49,99 % de ses parts dans l’aéroport à Casil en avril 2015, prévoit l’option pour l’État français de vendre 10,01 % supplémentaires en avril 2018, s’il le souhaite. L’État a donc décidé de ne pas utiliser cette possibilité.

Car si l’État vendait ses 10,01 %, Casil serait devenu actionnaire majoritaire et aurait eu alors les coudées franches pour faire à peu près ce qu’il voulait, à commencer par augmenter le montant des dividendes. Or, il se trouve que justement en moins de trois ans, le montant des dividendes réclamés et obtenus par les Chinois est considéré comme exorbitant :  22 millions d’euros, dont les deux tiers prélevés sur l’épargne de l’aéroport et non sur son résultat net annuel. Autrement dit, les Chinois sont soupçonnés d'avoir fait les poches de Toulouse-Blagnac plutôt que de l’aider à se développer.

Aéroport de Toulouse : sur l’avenir de la participation chinoise, le mystère reste entier

Quant aux actionnaires majoritaires, leur chefs de file, à savoir Carole Delga (présidente de la  Région PACA), Georges Méric (président du conseil départemental), Jean-Luc Moudenc (président de Toulouse Métropole) et Philippe Robardey (président de la CCI de Toulouse), tout en reconnaissant le travail accompli par Casil pour développer l’aéroport, ont exprimé des inquiétudes en évoquant la « volonté systématique » de « ponctionner les réserves de la société et de maximiser le versement de dividendes ». Dans une lettre à Édouard Philippe, ils ont fait savoir que Casil a non seulement versé sous forme de dividendes l’ensemble des bénéfices 2015 et 2016 de l’aéroport (5 et 6 million d’euros respectivement), mais aussi puisé 15 millions d’euros dans les réserves financières de l’aéroport.

La réaction du groupe Casil à cette décision n’est pas encore connue. En théorie, il a deux possibilités : soit le statu quo demeure (Casil restant actionnaire à 49,99 %), soit Casil peut décider de vendre ses parts. Et ce deuxième scénario pourrait bien intéresser un acheteur en particulier, qui se tient en embuscade : il s’agit du groupe français Vinci. Depuis trois ou quatre ans, ce dernier se positionne partout où cela est possible dans le monde afin d’acquérir des aéroports ou au moins d’en devenir concessionnaire. Vinci a en effet sorti sa calculette, et est arrivé à la conclusion que les aéroports seraient beaucoup plus rentables dans les 20-30 prochaines années comparé aux autoroutes. Si ce scénario se réalise, il pourrait servir de répétition générale pour le possible rachat par Vinci des Aéroports de Paris.