Accord commercial Union européenne – États-Unis : un nouveau cadre qui change la donne



François Lapierre
22/08/2025

Après des mois de tensions commerciales ponctuées de menaces de surtaxes, Washington et Bruxelles ont annoncé un accord-cadre visant à limiter les droits de douane et à stimuler les flux d’investissements bilatéraux. Présenté comme « stratégique » par les deux parties, ce texte établit un plafond de 15 % pour la majorité des produits européens exportés vers les États-Unis, bien au-delà des niveaux moyens de 1,8 % à 2,2 % qui caractérisaient jusqu’ici le commerce transatlantique.


L’automobile se sauve un peu, l’industrie pharmaceutique s’en sort

Le secteur automobile concentrait les inquiétudes. Actuellement, les véhicules européens importés aux États-Unis supportent un tarif de 27,5 %. Le nouvel accord prévoit une réduction à 15 %, mais uniquement lorsque l’Union européenne aura présenté un projet de loi supprimant ses propres droits sur les biens industriels américains. Selon la déclaration conjointe, la mesure prendra effet « le premier jour du mois » de ce dépôt.

Autre volet majeur : les secteurs soumis à enquête au titre de la section 232 du droit américain, notamment la pharmacie, les semi-conducteurs et le bois d’œuvre. Pour ces produits, les États-Unis s’engagent à ne jamais dépasser 15 % de droits de douane pour les importations en provenance de l’UE. Les médicaments génériques et leurs intrants bénéficieront d’un tarif NPF (MFN) dès le 1er septembre 2025, souvent équivalent à zéro. 
 

L’industrie aéronautique exemptée, mais gare aux métaux


Le texte apporte une clarification importante pour l’industrie aéronautique. Les avions et pièces détachées européens ne seront soumis qu’au tarif NPF à compter du 1er septembre 2025. Dans la pratique, cela revient à préserver l’essentiel du statu quo, puisque de nombreux produits aéronautiques bénéficient déjà de droits proches de zéro dans les accords multilatéraux.

L’acier et l’aluminium constituent les grandes exceptions de ce compromis. Les États-Unis maintiennent des droits de 50 % sur ces produits européens, en attendant d’éventuelles discussions sur des contingents tarifaires (TRQ). Pour l’UE, qui exporte massivement ces métaux, ce statu quo reste problématique et reflète un dossier hautement sensible sur le plan politique comme économique.

VErs des contreparties majeures pour les USA

En contrepartie des engagements américains, l’Union européenne s’engage à supprimer tous ses droits de douane sur les biens industriels américains. Elle a également promis un accès préférentiel à de nombreux produits agricoles et de la mer : fruits et légumes, produits laitiers, huiles, viande de porc et de bison notamment.

L’accord ne se limite pas aux droits de douane. Bruxelles a officialisé des engagements d’achats et d’investissements considérables :
– 750 milliards de dollars d’énergie américaine d’ici 2028 ;
– au moins 40 milliards de dollars de puces d’intelligence artificielle américaines ;
– 600 milliards de dollars d’investissements supplémentaires d’entreprises européennes aux États-Unis.