La compagnie aérienne orange voit rouge ! Suite à l’annonce d’un mouvement social de ses hôtesses et stewards les 25 et 26 décembre prochains, EasyJet a annoncé l’annulation de la moitié de ses vols, au lendemain des fêtes de Noël à venir. Le mouvement social devrait « affecter moins de la moitié des vols » le 26 décembre précise néanmoins la compagnie.
Pas de panique cependant, si vous deviez prendre l’avion ces jours-là, EasyJet annule certes ses vols mais va tout faire pour transférer les passagers, afin qu’une réorganisation soit possible. C’est du moins ce qu’a indiqué vendredi 19 décembre le directeur général d’EasyJet France, François Bacchetta.
Pour assurer une rotation des vols, la compagnie aérienne a fait appel aux hôtesses et stewards volontaires, qui ne travaillaient pas ce jour-là. Reste à savoir s’ils trouveront des candidats pour travailler le jour de Noël, et le lendemain, alors que cette branche des salariés de la compagnie critique actuellement les trop nombreux changements de planning, qui rendent toute « vie de famille complètement impossible ».
Une grève de poids, lancée par le SNPNC-FO (majoritaire) et l’Unac, les deux syndicats d’hôtesses et de stewards de la compagnie aérienne. EasyJet emploi en effet pas moins de 600 stewards et hôtesses sur le millier de salariés qu’elle compte en France.
14 jours de grève pour un manque-à-gagner total de 416 millions d’euros. Un record dont la compagnie aérienne Air France-KLM se serait sans doute bien passée. L’entreprise a publié mercredi 29 octobre ses résultats pour le troisième trimestre, a vu son chiffre d’affaires plonger considérablement du fait de ce mouvement social.
Dans le détail, en ce qui concerne le résultat d’exploitation, Air France déplore un manque-à-gagner de 330 millions d’euros. Ce résultat atteint 247 millions d’euros pour le troisième trimestre 2014 contre 641 l’an passé. De quoi faire chuter lourdement, de 32%, les bénéfices du groupe à 100 millions d’euros.
Outre cette grève qui a définitivement plombé les comptes de l’entreprise pour les trois derniers mois passés, Air France-KLM déplore également un contexte économique européen peu propice aux affaires. Les signes de vitalité de la zone euro ne se font toujours pas sentir, ce qui a pour conséquence logique un ralentissement de l’activité économique, ce qui pèse évidemment sur les résultats des entreprises.
Les quinze jours de grève pourraient affecter la compagnie aérienne, plus que prévu. Le blocage exercé par les pilotes remontés contre le développement de la branche low cost d’Air France-KLM, Transavia, s’est ainsi traduit par une chute du trafic passagers de 15,9 %, et de 17,7 % du trafic cargo.
Mais ce n’est pas tout. L’impact du conflit social qui a opposé pilotes et direction a été évalué par la compagnie aérienne entre 320 et 350 millions d’euros sur son résultat d’exploitation du troisième trimestre. Une estimation qui comprend bien évidemment les baisses de recettes, mais aussi tous les coûts supplémentaires.
Cependant un autre impact est à prendre en compte, moins facile à évaluer, celui du taux de réservation évidemment beaucoup plus faible que d’habitude. Ainsi, entre le début et la fin de la grève, Air France-KLM a enregistré un retard de 1 à 2 points dans ses engagements de réservation. Difficile de chiffrer ce manque à gagner cependant.
Pourtant, la compagnie aérienne estime que l’ensemble de ces données pourraient avoir un impact « de l’ordre de 500 millions d’euros » sur l’Ebitda, l’excédent brut d’exploitation de l’exercice 2014. Ainsi la compagnie aérienne, qui estimait cet excédent entre 2,2 et 2,3 milliards d’euros, a été obligé de le ramener entre 1,7 et 1,8 milliard d’euros.
Les syndicats et les pilotes craignent un passage en force du développement de Transavia, la branche low-cost d’Air France, par la direction de la compagnie aérienne. A l’invitation du principal syndicat de pilotes de lignes, le SNPL, en pointe lors de la dernière grève qui a bloqué Air France pendant une quinzaine de jours, les différents partenaires sociaux se sont réunis en amont d’une réunion de direction au sujet du développement de Transavia.
Et comme aucun ordre du jour précis n’aurait été donné aux participants de cette réunion, les doutes, les spéculations et les interrogations vont bon train chez les syndicats qui craignent notamment un passage en force du projet Transavia. Le SNPL suspecte notamment la direction d’avoir dans sa valise un projet bis.
Cela fait des mois que la compagnie aérienne Air France-KLM tente de renégocier un accord passé lors de la création de Transavia France, en 2007, avec les pilotes. Or dans cet accord, si l’on comprend toutes les catégories professionnelles liées à la bonne marche de la compagnie aérienne, les pilotes ne représenteraient que 6 % du personnel concerné, en forte minorité.
Les pilotes récalcitrant ne savent donc pas à quelle sauce ils pourraient être mangés. Et pourraient tout à fait reprendre le chemin de la grève, alors que la précédente s’était achevée après deux semaines de blocage, sans qu’un accord ait été trouvé avec la direction de la compagnie aérienne.
Le nombre de grévistes reste stable, et le mouvement ne s’essouffle pas. La grève entamée il y a trois jours par les pilotes de la compagnie aérienne rattachés au syndicat SNPL va se poursuivre. Jeudi, Air France envisage une annulation de 60 % des vols. Moins d’un vol sur deux devrait donc être maintenu.
Le bras de fer entre la direction de la compagnie aérienne et les pilotes n’est donc pas prêt de se résoudre. Et cela malgré les appels des politiques à cesser la contestation. Comme par exemple Manuel Valls mercredi matin sur France Inter qui a appelé à « arrêter cette grève » et Emmanuel Macron qui a appelé Ai France « à quelques concessions ».
Pour Alexandre de Juniac, le PDG d’Air France-KLM, les propositions qu’il a faites aux syndicats sont « raisonnables ». « On est ouvert à la négociation sur un certain nombre de sujets » a-t-il ajouté, précisant que « tout ce qu’on propose aux pilotes, c’est sur la base du volontariat ». Ces derniers n’acceptent toujours pas d’être logés à une enseigne différente, par rapport à la compagnie low cost, Transavia, et craignent un dumping social.
Si la grève venait à atteindre une durée d’une semaine, ce serait le plus long mouvement social mené par les pilotes d’Air France depuis 1998. Rappelons que le coût de cette grève a été estimé par la direction de la compagnie aérienne entre 10 et 15 millions d’euros par jour.